Mis en ligne le 03/09/2017
Pour cette 2ème chronique sur les films glam, je vais vous parler non pas d’un métrage musical, comme This Is Spinal Tap, mais d’un film dans lequel a joué un « glameux » bien célèbre, à savoir notre Gene Simmons détesté.
L’affligeant KISS Contre les Fantômes (1978) n’a en effet pas empêché le Démon de poursuivre une brève carrière hollywoodienne dans les années 1980. Courte parenthèse : pour ceux qui l’ignore, KISS Contre les Fantômes est un film promotionnel censé mettre en vedette le groupe maquillé. Seul problème : c’est nul à chier à tous les étages. Fin de la courte parenthèse. Il est fort probable que vous ne connaissiez aucun film dans lequel a joué le bassiste de KISS – à moins que vous ne soyez – comme moi – un grand amateur de nanars et de bisserie en tout genre, car le film qui nous intéresse entre clairement dans la seconde catégorie. Il n’est pas assez affligeant pour être qualifié de nanar, mais pas assez bon pour être un film de « série A » (oui, c’est moi qui vient d’inventer cette appellation !).
Sorti en décembre 1984 aux Etats-Unis et en août 1985 en France, Runaways raconte l’histoire passionnante d’agents de police chargés de désactiver des robots déviants (les « runaways »). Voyez-vous, l’intrigue se déroule dans le futur, et dans le futur, les robots remplissent toutes les tâches physiques et ménagères à la place des humains. Si seulement ça pouvait déjà être vrai… En plus de cela, les flics ont des pistolets à rayon laser et les méchants tirent des balles qui permettent de suivre à la trace leur cible afin de leur exploser la figure !
On suit donc deux (super)flics comme seuls les Américains savent nous en faire : le sergent moustachu Jack R. Ramsay et sa collègue Karen Thompson, une blonde bronzée, surmaquillée et brushinguée comme Joey Tempest. J’avais oublié à quel point la mode des années 1980 pouvait être moche… Ce qui est assez frappant quand on regarde certains films d’il y a 30 ans, c’est de constater à quel point la diction a évolué, surtout pour les femmes. Car elle a beau être un personnage assez étoffé pour l’époque (elle a travaillé dans le bâtiment, souhaitait faire programmatrice et sauve la mise à notre héros à plusieurs reprise), il n’empêche qu’elle s’exprime comme… une pimbêche… Disons que les femmes d’aujourd’hui parlent de façon moins maniérée, et tant mieux ! Ps : j’ai vu le film en VF donc j’ignore ce que ça donne en VO.
Revenons à l’intrigue. Un odieux meurtre commis par une machine vient bouleverser le quotidien de nos deux supers agents ! Ces derniers découvrent qu’une mystérieuse puce est à l’origine de la déviance de la machine et se lancent alors à la poursuite de l’affreux Dr. Charles Luther, interprété par Gene Simmons, plus diabolique que jamais !
J’ai beau ne pas l’aimer, je lui concède tout de même un charisme et un jeu d’acteur qui tranche avec le reste du casting, ni trop bon, ni trop mauvais (excepté pour l’interprète de Jackie Roger, mais ça on y reviendra après). Gene Simmons est même bon, très bon. J’ose le dire, quitte à faire des rageux, mais il a l’étoffe d’un Joker (de toute façon, vous ne pouvez pas commenter l’article… Ah merde, c’est vrai qu’il y a Facebook!). Le seul bémol qui casse le charisme et le charme vénéneux de son personnage : les gros mots. J’ai beau en dire beaucoup, je reconnais qu’un « connard » lâché par-ci, par-là n’est jamais très classe… Mais que voulez-vous, on est aux Etats-Unis dans les années 1980, soit la décennie de Chuck Norris et de ses pieds qu’il met où il veut, surtout dans le gueule, et de ses menaces impliquant des bites dans des tuperwares. Il faut faire avec son temps…
Vous l’aurez compris, ça sent la série B à plein nez. L’intrigue est plate, banale (en tout cas pour une spectatrice du XXIème siècle) et certaines scènes et éléments du film puent le déjà-vu. En voici une liste. Ne m’en voulez pas pour les spoils, car tout est tellement prévisible que ça ne compte pas (si vous souhaitez préserver un suspens inexistant, cliquez ici) :
Runaway : L’Evadé du Futur – dont je ne comprendrai jamais la signification du titre français – a été réalisé par Michael Crichton, qui n’en était pas à son coup d’essai puisque son premier film, Pursuit, date de 1972. D’ailleurs, en plus d’être réalisateur, il est également auteur de romans de science-fiction (Jurassic Park, c’est lui!), scénariste, producteur et auteur d’ouvrages scientifiques. Runaway est le premier film dans lequel s’est aventuré Gene Simmons après la catastrophe KISS Contre les Fantômes. N’ayant pas réussi à trouver d’autres infos croustillantes à son sujet, je me contente de citer Wikipedia : Gene s’est vu offrir le rôle après avoir rencontré Michael Crichton et n’a même pas eu besoin d’y jeter un œil. Il était fait pour être terroriste !
Je n’ai eu de cesse d’affirmer que nous avions à faire à une série B… mais en réalité, Runaway était censé être LE blockbuster de l’année 1984 et a même bénéficié d’un budget de plusieurs millions de dollars ! Mais comme il semble que tout ses clichés étaient déjà trop clichés pour l’époque, le public lui a préféré Terminator, Star Trek III et 2010: The Year We Make Contact (la suite du célèbre 2001 : l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick).
Les critiques furent quant à elles mitigées : pour le New York Times, Michael Crichton a eu de meilleures idées pour les gadgets que pour les joueurs humains. Les Los Angeles Time est plus positif, il qualifie le film de très cinématographique (sic), avec beaucoup de gadgets qui n’écrasent pas la dimension humaine (sic sic). Le Chicago Time et Roger Ebert (un célèbre critique américain) pensent la même chose que moi : que le film s’enfonce dans les clichés au fur et à mesure de sa progression. De son côté, Tom Selleck réagi de la façon suivante :
Ce à quoi nos américains répondent : « deux hamburgers ». Forcément, les sushis, c’est trop exotique… Mais la voix off, qui n’a visiblement pas compris, leur en sert quand même. Bien fait pour vous, sales ethnocentristes !
Sources : Wikipedia
Un article du site officiel de Michael Crichton, le réalisateur du film, qui compare les inventions du film avec la technologie que l'on utilise de nos jours : http://www.michaelcrichton.com/visionary/